SERIE DEVELOPPEMENT DURABLE
Après avoir rencontré Elodie Bouyer, je prolonge mon périple en Petite Champagne où les vignerons engagés ne manquent pas. À Réaux-sur-Trèfle, Guillaume Brotteau, viticulteur et bouilleur de cru, allait d’ailleurs m’offrir une belle leçon de choses.
L’amour pour la vigne, une histoire de famille
Dans cette commune rurale de 850 habitants entre Jonzac et Cognac, Guillaume Brotteau n’est pas un inconnu. Dans sa famille, la vigne est une passion qui se transmet d’une génération à l’autre depuis 1880. « S’il existe un gène pour l’amour de la vigne, je l’ai depuis tout petit », affirme ce viticulteur de la cinquième génération. À 37 ans, Guillaume Brotteau se souvient : « Enfant, je rentrais de l’école en courant pour aider mon père. Adolescent, mes activités extra-scolaires, c’était la vigne ! »
Des pratiques issues de l’agro-écologie
C’est tout naturellement qu’il reprend en 2005 les 22 hectares de vignes de l’exploitation familiale (elle en compte une cinquantaine aujourd’hui), d’abord en association avec son père puis seul aux commandes à partir de 2015. Tout aussi naturellement, les engagements agro-environnementaux pris dans les années 1990 par l’ancienne génération sont poursuivis et amplifiés. « Mon père avait réduit les doses de ses traitements. Si les premières motivations étaient d’ordre économique, très vite le bénéfice environnemental a pris le dessus et je suis allé de l’avant », reconnaît-il.
Après plusieurs essais d’enherbement dès les années 2000, il opte, il y a trois ans, pour un couvert hivernal constitué d’un mélange de radis et de légumineuses (avoine, féverole, etc.). Pragmatique, Guillaume y voit des avantages que son bon sens paysan accueille avec un intérêt chaque jour renouvelé. Les racines décompactent les sols et les protègent de l’érosion. En surface, les couverts renforcent la biodiversité dans les parcelles : la faune s’y réfugie tandis que les oiseaux charentais régulent naturellement les populations d’insectes. Dans les sols, le développement de la vie microbienne est favorisé par la matière organique dégradée à partir des couverts qui ont été broyés. « Cet engrais vert, absolument naturel, permet ainsi de réduire les autres apports », s’enthousiasme Guillaume.
Dans les années à venir, il projette aussi de se passer de tout désherbant. « J’ai commencé il y a cinq ans sur mes jeunes vignes : elles ne reçoivent plus aucun herbicide », explique-t-il. À la place, Guillaume passe des lames inter-ceps pour travailler les sols sous le rang de vigne, un travail chronophage qui nécessite main-d’œuvre et détermination.
Les biocontrôles à base d’oligo-éléments, d’huile essentielle d’orange ou plus traditionnellement de cuivre constituent aussi un puissant renfort en cas d’attaque du mildiou, le champignon parasite de la vigne. À titre d’exemple, sur une année à forte pression parasitaire, Guillaume assure 70 % de ses traitements en biocontrôle. « Les biocontrôles coûtent plus cher, mais certaines molécules chimiques peuvent être dangereuses, donc c’est mieux pour le viticulteur dans les vignes, mieux pour les riverains et mieux pour la nature ! »
Guillaume a obtenu en septembre 2020 la Certification Environnement Cognac (CEC) & HVE qui valorise les démarches en termes de préservation de la biodiversité, de réduction des intrants phytosanitaires, de gestion de la fertilisation et d’optimisation de la ressource en eau. Une récompense, mais aussi une façon de montrer l’exemple souligne Guillaume : « la certification massive des viticulteurs de Cognac va créer un effet boule de neige positif dans la région et au-delà. »
À suivre…
Guillaume Brotteau
3 route des Cerisiers
17500 Réaux-sur-Trèfle