Combes, conches et falaises de la rive droite de la Gironde
De Royan à Saint-Thomas-de-Conac, sur la rive droite de la Gironde, les Bons Bois et une enclave de Fins Bois trouvent leur assise en bordure d’une côte singulière où alternent combes, conches et falaises.
Combe
La plate-forme rocheuse des falaises supporte parfois des carrelets sur ponton, installations de pêche typiques des côtes d’Aunis et de Saintonge.
Située en rive droite de l’estuaire, une combe est un vestige géologiquement récent (12 000 ans) d’un petit affluent de la Gironde.
1- Pendant la dernière glaciation du Quaternaire (Würm), le fleuve et ses affluents ont creusé profondément leur lit.
2- Au cours du réchauffement qui a suivi, le niveau de l’eau s’est élevé par fusion des glaces. La Gironde a envahi les basses vallées latérales en y déposant de grandes masses d’alluvions.
3- Ces vases ont formé le sol des marais colonisés par la végétation. Faute d’alimentation en eau, ces petites vallées se sont asséchées, certains cours d’eau s’encaissant dans les calcaires. Ils resurgissent parfois sous forme de sources : les fonts (Font Garnier, Fondevine…).
4- Sur ces sols de Champagne, l’homme cultive surtout des céréales et de la vigne plantée en somment de falaise ou sur le flanc des vallons.
Conche
Au pied de la falaise du Caillaud, à Talmont-sur-Gironde, les éboulis dûs à l’érosion et aux infiltrations d’eau de pluie sont riches d’une grande variété de fossiles.
Une conche est un cordon littoral sableux constituant une plage. Sa forme d’anse rappelle le bord arrondi de certaines coquilles bivalves (latin concha « coquille »). Il existe deux types de conches. Parfois de grande taille, les premières sont, à l’origine, des flèches sableuses développées entre deux pointes rocheuses, isolant des marais qui s’ouvraient en bordure d’estuaire. D’importants dépôts de sable ont formé des dunes qui ont été fixées par le pin et le chêne vert. C’est le cas de la Grande Conche de Royan, celle de Saint-Georges-les-Didonne, des Vergnes.
Les secondes, plus petites, sont adossées à des falaises. Elles ne sont accessibles que par la mer à marée basse, parfois par des escaliers creusés dans la roche ou maçonnés (conche de Saint-Sordelin, du Chay, des Nonnes). La conche de Cadet est la dernière plage sableuse de l’estuaire. Plus en amont, les marais s’ouvrent sur la Gironde par des vasières mais le mot conche les désigne encore. Elles sont nombreuses sur les cartes du XVIIIe siècle, comme la conche à la Combe. Seule a été conservée Conchemarche près de Mortagne.
Falaise
La conche de Cadet, accessible par un escalier creusé dans la roche, est la dernière plage sableuse de l’estuaire de la Gironde.
En bordure de l’océan, c’est la mer qui façonne les falaises. À la Pointe de Chassiron (île d’Oléron), les terrains plus anciens (Jurassique) plissés puis érodés ont pris un aspect bigarré des plus esthétiques. Au pied de la falaise, l’érosion marine a nivelé un estran rocheux sur lequel ont été aménagées des pêcheries plus originales : les écluses à poissons. Les murs en pierres sèches qui les limitent sont en forme de fer à cheval. À marée montante, la mer les recouvre en apportant les poissons. Des ouvertures dans le mur permettent la vidange de l’écluse à marée descendante et le piégeage d’espèces variées (mulet, bar, anguille, sole…). Elles sont pêchées avant le « bas d’eau » avec de curieux filets à main : les cisailles.
(c) Michel Guillard