Aujourd’hui nous vous proposons de (re)visiter le patrimoine vernaculaire, extrait de l’œuvre, « les paysages du Cognac » réalisé sous la direction de Gilles Bernard et Michel Guillard.
Lavoirs, fontaines, puits, moulins, pigeonniers…, ces bâtiments modestes sont le témoin de la vie de nos ancêtres, des traces qui renseignent sur le quotidien et la qualité du tissu social d’autrefois.
Leur usage est fonctionnel, mais leur vocation utilitaire n’excluait pas une certaine originalité et une recherche esthétique. Adaptés au mode de vie traditionnel, ils ont été construits avec des ressources locales et un savoir-faire transmis de génération en génération. Ce patrimoine vernaculaire renforce l’identité d’un territoire et fait partie intégrante du paysage de nos terroirs.
Les fontaines
Avant que l’eau n’arrive dans chaque maison, il fallait aller soit au puits, soit à la fontaine pour s’approvisionner. Parfois simple pierre d’où s’écoule l’eau, parfois plus sophistiquée avec plusieurs bacs en pierre et une auge de pierre pour recueillir l’eau, les fontaines disposaient d’une ou deux barres transversales horizontales sous le jet pour poser le seau. Souvent situées au milieu du village, elles sont devenues un enjeu d’embellissement.
Les puits
C’est le plus souvent un trou plus ou moins profond creusé par l’homme pour puiser l’eau qui se trouve dans les nappes souterraines. Dans la plupart des cas, il s’agit d’une construction en maçonnerie circulaire. L’entrée est généralement marquée par une margelle de pierre. Souvent une superstructure en ferronnerie permet de suspendre une poulie et sa corde pour faire descendre un seau. Des formes diverses peuvent le décorer. Les puits sont souvent privatifs, mais dans certains villages les habitants s’entendaient pour construire un puits commun sur la voie publique.
Les moulins
Précieux dans l’économie rurale, les moulins se généralisent dès le XIIe siècle. Dotés de de deux grosses meules circulaires entre lesquelles le grain était broyé, ils facilitaient le travail de l’homme. Dans le moulin à vent, la force motrice était transformée en mouvement rotatif par les ailes. Le moulin comprenait une charpente mobile qui tournait avec la toiture au moyen d’une longue perche permettant au meunier d’orienter les ailes au vent. Le tout glissait sur un rail de bois bien graissé. Les ailes, souvent au nombre de quatre, étaient des draps fixés sur une structure de bois. Les parties hautes des moulins ont disparu ne laissant comme vestiges que des tours de pierre souvent ruinées.
Les pigeonniers
Privilège seigneurial jusqu’à la Révolution, le pigeonnier devait être construit sur le fief d’une exploitation agricole. Le nombre de boulins ou nichoirs correspondait à une surface de culture : 1 boulin représentait 1 arpent de terre, soit environ 40 ares. L’importance des pigeonniers dépendait donc de la taille des propriétés. Isolés, construits près des logis ou bien intégrés dans les bâtiments agricoles, ronds ou carrés, plus ou moins hauts, ce sont de beaux bâtiments que l’on remarque dans la campagne. On les identifie grâce au larmier, bandeau de protection qui ceinture le bâtiment aux trois quarts de la hauteur. Le larmier protégeait des rongeurs en les empêchant d’entrer par les ouvertures supérieures. Une ou plusieurs lucarnes orientées est et sud privilégiaient l’ensoleillement durant l’hiver et permettaient aussi l’envol des oiseaux.
L’intérieur blanchi à la chaux était aménagé de boulins ou nids de terre cuite dans lesquels les pigeons logeaient et couvaient. Avec plusieurs couvées par an l’élevage des pigeons constituait une source de revenus, leur fiente, appelée colombine, étant un engrais recherché. Il arrivait même qu’on la mentionne dans les contrats de mariage ! Les pigeons étaient enfermés en période de moisson. Après la Révolution, la construction de ces édifices s’est démocratisée et développée sur des propriétés aux dimensions plus modestes. Divers engrais ayant remplacé la colombine, l’élevage des pigeons s’est progressivement arrêté.
Les lavoirs
Leur architecture est généralement sobre, avec parfois un toit, un plan incliné sur lequel on installait, plongeant dans l’eau, une planche pour frotter le linge. Des bassins pouvaient être construits, souvent rectangulaires avec un fond pavé et des barrières pour égoutter le linge. On lavait régulièrement le « petit linge », mais on rinçait rapidement à l’eau claire les draps et les torchons qu’on changeait tous les mois. Après les avoir fait sécher, ceux-ci étaient entreposés au grenier en attendant la bughée, une grande lessive organisée deux fois par an, avant les Rameaux et vers la Toussaint, par les femmes du village. Jusqu’à 30 à 40 paires de draps et torchons étaient ainsi lavées dans des cuves de grès, appelées ponnes, contenant entre 100 et 400 litres d’eau. Des sacs de cendre faisaient office de savon et des racines d’iris parfumaient l’ensemble. On allumait le feu sous les ponnes et on arrosait le linge d’eau bouillante. L’opération durait entre quatre et cinq jours. Le linge était ensuite abondamment rincé au lavoir, puis essoré et étendu sur l’herbe pour sécher. Établis près des sources et des villages pour être plus accessibles, les lavoirs vont se développer au XIXe siècle.
© Les paysages du Cognac
Crédits photographiques : Michel Guillard