Les paysages du Cognac – l’église romane, un édifice de pierre au cœur de la vigne
Au cœur d’un village ou isolées au milieu des vignes, les églises romanes édifiées au Moyen Âge ponctuent les vastes paysages du Cognac. Exemples remarquables…
L’église Saint-Pierre de Sonneville date du XIIe siècle. Elle est de style roman archaïque. La façade est percée, au rez-de-chaussée, de trois ouvertures dont deux aveugles et brisées encadrant la porte d’entrée en plein cintre. Le mur de façade est couronné d’un campanile aussi haut que le clocher.
© Michel Guillard
Échebrune
Il faut avoir sillonné ces routes à l’est de Pons qui après avoir ondulé au milieu des cultures, des prairies et des vignes se mettent à gravir quelques amples collines pour à leur sommet embrasser un nouveau paysage, un nouveau panorama. La vue alentour laisse deviner ici un clocher, là les vestiges d’un moulin à vent, au loin quelques taches de verdure ou la lisière d’un bois. C’est au détour de la route que l’on découvre, perché sur une colline à 70 m d’altitude, le village d’Échebrune avec son allure d’oppidum. La présence au cœur du village d’un édifice religieux n’a rien d’étonnant : ces points culminants étaient pour nos lointains ancêtres des sites facilement défendables et souvent des lieux où l’on se rassemblait pour célébrer un culte à la nature ou aux forces divines ; l’expansion du christianisme et la floraison d’églises au XIe siècle ont provoqué la construction d’édifices sur ces mêmes lieux « sacrés ».
C’est donc un village qui s’est installé progressivement autour de l’église Saint-Pierre édifiée au XIIe siècle. Son importance atteste la présence au Moyen Âge d’une communauté active et relativement nombreuse. Dominant le village et l’église, le regard se porte d’emblée sur l’imposant clocher octogonal qui semble veiller sur le vaste paysage qui l’entoure. Si la façade avec ses trois étages reste un modèle d’équilibre, ce sont surtout les cinq voussures parfaitement équilibrées du porche qui, semblables à une conque muette, invitent le spectateur à se laisser envoûter par ces « pierres qui chantent » et par la magie qui s’opère à la vue de ces belles arcatures jaillissant de la façade comme un appel à l’infini…
Ambleville
Parcourant les coteaux réguliers et gracieusement galbés de ce que l’on nomme aujourd’hui la Grande Champagne, c’est ici l’omniprésence de la vigne qui l’emporte sur toute autre culture. Il y a bien çà et là, mouchetant l’espace de leurs colorations jaunes ou vertes à la belle saison, ces parcelles de céréales qui émergent comme des îlots de cette mer de vigne… Au milieu de ces rangs bien ordonnés ondulant comme des vagues au gré des reliefs, rompant avec cette impression d’infini… Ici le lit d’un ruisseau signalé par sa bordure d’aulnes et de frênes, là le chemin blanc qui serpente paresseusement au flanc du coteau, là encore un clocher qui émerge laissant deviner l’édifice de pierre qu’il surmonte.
L’impression d’isolement de l’église d’Ambleville est d’autant plus forte que celle-ci, flanquée de son cimetière, se trouve isolée en pleine campagne. Sa porte à voussure en plein cintre ornée d’un simple cordeau de pointe de diamant, l’absence de décor tant sur la façade qu’à l’étage sont le signe d’un dépouillement et d’une volontaire sobriété que l’on retrouve dans l’ensemble de l’édifice. C’est la même volonté de simplicité qui a prévalu dans la construction du clocher : l’aspect massif de cette tour rectangulaire ornée d’imposantes fenêtres romanes est encore accentué par la forme aplatie de la toiture qui abrite le clocher. Dédiée à saint Pierre, l’église romane d’Ambleville rayonne toujours dans son discret vallon de Champagne, décor de pierre blanche posé sur la vigne dont les lignes pures se détachent sur le fond d’arbres ambiant, parachevant ainsi ce tableau apaisant qui semble défier le temps.
L’église Saint-Pierre d’Échebrune possède une belle façade ornée d’une série d’arcatures dominant le portail principal et sa série de voussures.
© Michel Guillard
Sonneville
Si pour parler d’un paysage l’expression « écrin de verdure » est une banalité, c’est pourtant ici à Saint-Pierre-de-Sonneville qu’elle prend tout son sens. Dans ce paysage du Rouillacais où le vignoble le dispute encore à une polyculture conquérante, c’est la convergence de ces collines tapissées de vignes s’inclinant gracieusement comme penchées vers un berceau qui donne au site de Sonneville toute sa saveur. Enchâssée dans cette combe, l’église s’inscrit dans une couronne d’arbres protecteurs, tandis qu’à l’entrée le vieux cimetière vous accueille, affirmant avec discrétion une présence spirituelle ancestrale.
Point de village se lovant autour de l’église, mais une solitude presque monacale. Au détour de la route qui jouxte le site, un simple muret oriente le regard vers une haute façade ceinturée de contreforts et percée d’une gracieuse fenêtre longiligne. L’ensemble rehaussé d’un campanile ajouré compose une belle symphonie de pierre toute en simplicité. Avec ses allures de chapelle de pèlerinage, l’église de Sonneville, malgré les blessures du temps, accompagne toujours de sa silhouette simple et dépouillée le rythme immuable des saisons et les couleurs changeantes du paysage qui l’entoure.
L’église Saint-Pierre d’Ambleville semble émerger d’une mer de vigne.
Son clocher percé de baies est typique des églises romanes du cognaçais.
© Michel Guillard