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Contrées

De villes en lieux-dits, des paysages marqués par les peuplements et les activités des hommes partie 2

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De villes en lieux-dits, des paysages marqués par les peuplements et les activités des hommes partie 2

Les toponymes, ou noms de lieux, sont un des révélateurs de l’histoire de l’appellation Cognac depuis l’époque gallo-romaine. Ils rendent compte de l’humanisation de l’environnement et de ses conséquences sur les paysages.

 

(c) Michel Guillard

L’emprise de la religion s’inscrit dans la toponymie tout au long du Moyen Âge, comme en témoignent les nombreux noms de monastères, d’oratoires, de personnages religieux mais surtout, du XIe au XIIIe siècle, l’extension du mot saint. Saint-Preuil (Sanctus Praejectus, Moyen Âge) vient de Praejectus, évêque d’Auvergne du VIIe siècle, Saint-Même (Sanctus Maximus, Moyen Âge) de Maxime, nom de plusieurs saints entre le IVe et VIIe siècles, Saint-Fort-sur-le-Né (Sanctus Fortmatus, Sanctus Fortunatus en 1110), de Fortis, évêque de Bordeaux vers le Ier siècle, Saint-Brice (Sanctus Brictius prope Compiniacum), de Brice, évêque de Tours du Ve siècle, successeur de saint Martin. La Magdeleine (fusion de Criteuil et de La Magdeleine en 1860) tire son nom d’une chapelle consacrée à sainte Madeleine, dont le culte s’est développé au XIIe siècle.

Les terroirs du Cognac, terres de pèlerinage et traversés par le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, en connaissent beaucoup. Saint-Ciers-du-Taillon perpétue le souvenir de saint Cyr, martyr de Cilicie en 305 ; Saint-Just tirerait son nom d’un ancien évangélisateur de la Saintonge et du Poitou, originaire du Limousin, et compagnon de saint Hilaire, évêque de Poitiers au IVe siècle ; Saint-Genisde-Saintonge doit son nom à Sanctus Genesius, archevêque de Lyon au (VIIe siècle). Le bourg, qui a pour origine la présence d’un prieuré secondaire de celui de Saint-Eutrope de Saintes, était alors situé non loin de l’ancienne voie romaine menant de Pons à Blaye et, plus tard, le long du chemin très fréquenté conduisant à Saint-Jacques-de-Compostelle. Saint-Romain-de-Benet unit à la déformation du mot latin benedictus (« béni ») le nom du saint éponyme, peut-être Romain de Blaye, prêtre gallo-romain, ordonné par saint Martin de Tours et envoyé évangéliser la région de Blaye près de Bordeaux où il meurt ; Saint-Palais (à l’origine Saint-Pallais-de-Bren) tire son nom de saint Pallais (Sanctus Palladius), évêque de Saintes au VIe siècle.
Dans les Borderies, Saint-André a d’abord été le nom d’une seule commune, créée à partir de la paroisse du même nom en 1793 et qui a été réunie à celle de Louzac le 1er janvier 1972. Elle est attestée sous la forme ancienne Beatus Andreas de Cumbis ou de Aquis, Saint-André-des-Combes. L’un des douze apôtres, particulièrement célébré par les Églises orthodoxe et catholique, saint André, a donné son nom à cette paroisse comme à de nombreux villes et villages, en France et à l’étranger. Saint-Laurentde-Cognac, nom actuel de la commune depuis 1956, s’appelait depuis 1790 simplement Saint-Laurent. Mais elle a connu une forme ancienne au Moyen Âge : Sanctus Laurentius de Combis in Agernaco (Saint-Laurent-des-Combes de Jarnac). Elle tire son nom de Laurent de Rome (Laurentius), archidiacre martyrisé à Rome en 259. Parce qu’il dispensait généreusement les aumônes, il devint le patron des pauvres et son culte s’est répandu partout en France. La plus ancienne forme qui désigne Saint- Sulpice-de-Cognac est Sanctus Sulpitius prope Compiniacum (Saint-Sulpice près de Cognac). Cet évêque de Bourges au VIIe siècle était particulièrement honoré pour ses miracles et sa vie de pauvreté, si bien que de nombreuses paroisses l’adoptèrent comme saint patron. À noter que pendant la Révolution, la commune s’appela Sulpice Antenne.

D’autres procédés, cette fois syntaxiques, consistent à faire suivre le domaine du nom du possesseur selon un ordre roman et français : Le Maine Garnier, Le Maine Allain, Le Maine Laurent, Le Petit Maine Garnier. À une époque plus récente, le lieu est exprimé par « chez » (lat. pop. in casa « dans la maison »), l’équivalent français du –acum latin, dans un très grand nombre de lieux-dits comme Chez Guillon, Chez Grelet, Chez Gombaud, Chez Gimbert, Chez Gatineau, Chez Ferchaud, Chez Bureau, Chez Brunet, Chez Branger, Chez Bourlon…

Si les toponymes restituent une partie de l’histoire des peuplements, ils contribuent également à souligner les traits marquants des paysages, de la géologie au relief, du climat à la végétation. Les aspects géologiques et géographiques apparaissent clairement dans La Groie, La Grouasse, Cravans (issus d’un prélatin *grava « sable, gravier »), Le Chail, Chaillevette dont la racine chail désigne un caillou et, par extension, une terre très calcaire, Le Pérou, La Perruge (« lieux pierreux », empr. du grec par le latin petra, avec absence de diphtongue et suffixes saintongeais).

Les ruisseaux, rivières et fleuves sont nombreux à préciser le nom de communes ou de hameaux : la Charente, dont l’appellation originelle est discutée, serait la sablonneuse (préceltique *caranto « sable », avec le suffixe-ona), la Seudre, le Né, la Boutonne, la Touvre, la Sougne, le Lidon, des cours d’eau qui entourent de notoriété nombre d’appellations (Angeac-Charente, Brive-sur-Charente, Bourg-sur-Charente, Tonnay-Charente, Mornac-sur-Seudre, Nieulle-sur-Seudre, Tonnay-Boutonne, Saint-Fort-sur-le-Né, Lagardesur-le-Né, Saint-Palais-du-Né, Magnac-sur-Touvre, Fléac-sur-Sougne, Saint-André-de-Lidon…). Souvent ils donnent cours à des ruisseaux, ou des ris, et le lieudit se nomme alors Le ri Bellot (Borderies), Port de Ri (Talmont).

Les fontaines sont partout célébrées comme des sources de vie : Fontdouce, Fontcouverte, Fontsèche, Fontchabrère, Fontaine-Chalandray, La Font Rivaud, Fontrouille… Aussi les lieux peuvent-ils devenir humides et le paradis des escargots, mentionnés dans de nombreux lieux-dits comme Le Cagouillac (Chérac), Le Cagouillet (Cognac), Les Cagouilles (Pérignac), La Cagouillère (Saint-Savinien), et constituer des « mothes » pour la culture des légumes, nommées aussi Les Mathes, ou encore des terres « où marcher fait monter l’eau dans les chaussures », comme c’est proprement le sens du toponyme Mongaugé. La Doue (lat. doga, « vase », qui a pris le sens de fossé ou de douelle) peut alors être présente, donner son nom au Douhet. Parfois même un gué, noté dans le mot Le Gua (lat. vadum, devenu *gwadu avec une gutturale francique qu’on retrouve dans les mots de même origine comme guêpe, par exemple), permet de traverser la Palue (lat. palludium « marécage »), qu’on trouve dans Gensac-la-Pallue ou Palluaud. Des ponts sont signalés pour traverser les voies d’eau, c’est ce que rappelle notamment la ville de Pons située sur la Seugne (bas latin pontes, pluriel du lat. pons « ponts »), Gond Pontouvre (contraction de « pont sur la Touvre »), Annepont qui fait référence effectivement à un pont.
Le paysage dessiné par les toponymes suit les faibles reliefs des terroirs, marqué surtout par les coteaux, les monts, les puys et les combes. Ainsi Saint-Georges-des- Coteaux, Le Grand-Coteau, Le Coteau-des-Bergers, Le Coteau-des-Charlons, Le Coteau, Puymoyen (lat. podium medianum « sommet du milieu »), Aigneset-Puyperoux, séparant des combes ou des vaux qu’on voit apparaître, par exemple, dans Saint-Laurent-des-Combes, Vaux-Lavalette, Vaux-Rouillac, Port d’Envaux. Parfois apparaissent des promontoires, comme dans le toponyme Merpins (Merpens vers 1081), qu’on fait généralement remonter au gaulois *maropennos, « grand promontoire », issu des mots maro-, « grand », et penno-, « tête », ce qui semble faire référence à la situation de la localité construite sur une colline avancée qui domine la Charente.

Le perchaud, mot d’époque médiévale, désigne métaphoriquement une butte. Il s’agit donc d’une colline caillouteuse dans Le Perchaud-du-Chail. Des mots comme Crazannes (celtique crazenn « hauteur, colline, tertre »), Talmont (à partir du gaulois talo « front » et du latin montem « monticule », ou encore du composé gaulois *talamon, < celtique *talamu(n) « front, surface ») signalent de même un talus, une hauteur. Brie-sous-Chalais, Briesur-Mortagne (à partir du gaulois briga « hauteur »), Montendre, Montlieu, Monguyon, Montpellier, Montils (lat. montem, « sommet ») ont le même sens, ainsi que Montpellier-de-Médillan, du latin mons petrosus devenu en vieux-français monpeirié (« colline de pierre ») qui signale une petite hauteur dans un paysage de plaines, appartenant à un certain Metellus.
À côté, peuvent se trouver des plaines réservées au pâturage (La Prée, Saint-Laurent-de-la-Prée) ou aux cultures, précisées par de nombreux toponymes, sans doute à l’origine des deux premiers crus de Cognac (Grande et Petite Champagne), comme Champagnac, Ja r n a c – C h a m p a g n e, Saint-Ciers-Champagne, Champagne de Blanzac, Champagnolles, Angeac-Champagne (avec un suffixe dim. fém., du lat. campanea « pays de plaine »). Des terres maritimes à l’ouest sont signalées par des toponymes comme Marennes (Terra Maritimensis qui désigne l’ancienne presqu’île qui s’étendait à l’époque romaine du Chapus jusqu’au Gua, enserrée entre les golfes de Brouage et de la Seudre), L’Éguille (du lat. acus « pointe, aiguille », devenu acus et agulhe dans les textes du Moyen Âge, puis aiguille) qui désigne la pointe de calcaire crétacé sur laquelle la commune est située. Ces espaces se couvrent souvent de bois (du bas latin boscus qui signale un lieu arboré), comme en témoignent Saint-Bris-des-Bois, Bois-Redon, Bois, Saint-Hilaire-du-Bois, Saint-Dizant-du-Bois, Villars-les-Bois, Bois-de-Montmoreau, Bois-Breteau, Bois-de-Baignes, et sont sans doute à l’origine, selon leur ampleur, de la dénomination des crus du Cognac Bois ordinaires, Bons Bois, Fins Bois, appellations qui réfèrent aussi sans doute, dans ce cas, au bois de la vigne. On voit également se dessiner des éléments de végétation caractéristiques des lieux. Ainsi Arvert, qui remonte à la racine gauloise verno, vivace au sud de la France sous la forme verne, vern, ver ou vert pour désigner l’aulne (seule forme utilisée au nord), renvoie à un lieu planté d’aulnes. Des toponymes comme Les Brousses (du lat. pop. *bruscia « broussailles »), Les Brandes (dér. de brander « s’embraser », du germ. *brand « tison ») évoquent plutôt des lieux où la végétation est sauvage. À côté ressortent Le Pin (lat. pinus « pin »), Le Boulas (lat. pop. betullus, du lat. betulla « bouleau »), Les Nauds, Les Nouillers (lat. nux « noix, noyers ») qui indiquent des lieux-dits fréquents sur tout le terroir où les arbres servaient de repères. L’Houmade, lieu planté d’ormeaux (umia en saintongeais, du lat. ulmus), Les Fresneaux (lieu humide où poussent les fresnes), La Châgnée nom saintongeais pour désigner une plantation de chênes… CormeÉcluse ou Corme-Royal signalent des lieux plantés de cormiers. La Tremblade devait sans doute son nom à la présence, au Moyen Âge, de trembles dans les forêts de la région. Les Fougères, La Pommeraie, Le Roseau y ajoutent leur note.

Mais ces espaces ne sont pas que des décors naturels, ils servent aux cultures et aux activités des habitants. Il a fallu d’abord les conquérir, les défricher, les cultiver. La forêt, dénomination courante dans les régions françaises, témoigne en effet de transformations dans l’exploitation des sols. L’adjectif forasticus « extérieur », à partir du latin foris « hors de », qu’on retrouve dans l’italien forastico, le sicilien furestico, le provençal foresque, a servi de base de formation à forestare « mettre dehors, bannir ». Foresta signifie alors primitivement « ban, proscription » et désigne un terrain sur lequel on a prononcé un ban, une proscription de culture, d’habitation, dans l’intérêt de la chasse seigneuriale. De là forestare signifia créer une forêt, parce que ces prohibitions s’appliquaient surtout aux bois où se trouvaient les bêtes sauvages et que, d’ailleurs, les arbres poussaient bientôt dans les campagnes ainsi soustraites à la culture. C’est cette transition historiquement constatée entre foresta, territoire prohibé, et forêt, dont témoigne le toponyme présent partout dans la région.

Mais la couture qui désignait au Moyen Âge les terres de la ville ou du domaine seigneurial ne posait aucun problème : elles étaient mises en culture directement par le seigneur ou ses régisseurs. De toute façon, les défrichements médiévaux ont imposé partout des essarts, c’est-àdire des terres bêchées et sarclées. Le mot vient du latin de basse époque exsartum, attesté dans la loi des Burgondes, dérivé du latin *exsarire, du latin classique sarire « sarcler ». Il en résulte aussi des Breuillets (diminutif de Breux et dérivé du mot gaulois brogilos, de broca « champ »), mot qu’on retrouve en gallois et en breton. En bas-latin brogilus a pris le sens de « petit bois clôturé » ou « clairière pour la culture ou l’élevage », puis celui de « bois humide parsemé d’étangs ». Les Grandes Versennes, lieu-dit très répandu (dérivé de verser, du latin versare, qui a pris le sens de « tourner, retourner » au Moyen Âge), désignaient en ancien français une « terre qui se repose après avoir donné deux récoltes » ou « une terre préparée pour la semence ». Selon les endroits du terroir, il peut s’agir d’un ensemble de champs labourés contigus dont les sillons ont la même direction ou encore d’un sillon ou de la longueur d’un sillon.

Des lieux-dits indiquent plus précisément la nature d’une activité agricole. Le Vanneau (de van, lat. vannus, XIIIe s.), Le Bluteau (de blutter, XIIIe, empr. fr. du moyen haut allemand bluteln « blutter ») et Le Moulin, parfois dit Virollet, très représenté dans les lieux-dits des plaines ventées de l’Aunis et de la Saintonge, suggèrent une activité liée aux céréales. Le chanvre faisait aussi partie des cultures des lieux arrosés par les cours d’eau. Le toponyme Cherves (sous la forme latinisée de Charvis) représente la variante saintongeaise charve du mot chanvre. En effet, une des principales occupations y était la culture et le rouissage du chanvre. Les « pierres à chanvre » le long de l’Antenne et dans les lavoirs en sont les derniers témoins.

Le lin était également présent, comme en témoigne le toponyme Lignières, issu du gallo-roman linariu, linarias « terre où l’on cultive le lin ». La vigne apparaît aussi dans des toponymes comme Vignolles (Petite Champagne), des lieux-dits comme Le Treuil (lat. torculum « pressoir ») qui signale un lieu où se trouvait un pressoir seigneurial ou communal, La Piponnerie qui désigne un lieu de futailles, Bourrut ou Bourru (adj. et n. m. 1555), qui rappelle le vin bourru ou la bourrette, vin nouveau, au sortir de la cuve ou du pressoir, encore chargé de gaz carbonique et dont la transparence est obscurcie par une grande quantité de lie, d’où son nom.
Plus rarement, ce sont les ressources du sous-sol qui semblent être exploitées. Ainsi Ferry évoque un site métallurgique du deuxième âge du Fer et Champblanc voyait, avant leur exploitation, des affleurements de gypse saccharoïde, très blanc. Les noms des lieuxdits Fontaulière (autrefois Font Houillères) et Charbonnière semblent attester la présence de charbon en Borderies. Mais c’est la pierre de Saintonge, transportée jusqu’à Cologne pour l’édification de sa cathédrale, qui constitue la richesse la plus renommée du sous-sol.

Thénac comporte les carrières de pierre bleue des Mauds, celles du Fief-de la-Clochetterie exploitées depuis l’Antiquité. Ce sont des carrières souterraines de plusieurs hectares creusées dans un calcaire dur de couleur blanche. Quatre bancs de pierre y étaient exploités, trois le sont encore ; le site postule pour faire partie du Patrimoine industriel. Saint-Même-les-Carrières témoigne, ne serait-ce que par son appellation, de cette activité. Si la dernière carrière de pierre a fermé en 1977, il reste encore deux tailleurs de pierres et des sablières exploitées pour le sable et le gravier. Les fours à chaux, les tuileries et les ateliers de poterie ont été également nombreux il y a un bon siècle. On en voit la trace dans les lieux-dits Le Four à Chaux (Ré), Les Tuileries, La Chapelle des Pots, Les Bujoliers (à Saint Césaire où se fabriquaient des bujours, de grandes cuves en terre pour la lessive). L’élevage et les laiteries se sont répandues après la crise du phylloxéra, surtout en Aunis et au nord du département de la Charente-Maritime, sans que la toponymie en porte de nombreuses traces. À noter toutefois des lieuxdits comme Les Vacherons, La Crèche… Les saulniers dans les marais salants de l’île de Ré ont développé l’extraction du sel avant que les ostréiculteurs ne les reconvertissent en bassin à huîtres. Le Port des Salines (Ré) en témoigne. Ces activités donnent lieu à des échanges et la toponymie porte trace de relais et de comptoirs. Le Magasin pourrait correspondre à un port gabarier comme il en a existé le long de la Charente bien avant la présence romaine, et jusqu’au XIXe siècle pour le transport des denrées. Dérivé du latin stabula (« étable, auberge, relais de poste »), le mot Étaulles marque un point de rassemblement pour le commerce mais aussi les rassemblements religieux. Mainxe (Mansia, Mincia, Maencia au Moyen Âge ; créée en 1793 sous le nom de Mainx, elle est devenue Mainxe en 1801) en est un exemple. Établi en bordure du chemin Boisné, le village aurait été une halte pour les pèlerins sur un chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, d’après un lieu nommé Le Champ Jacquet en bordure de l’ancienne voie romaine. On sait aussi combien l’hôpital de Pons fut un lieu de retrouvailles pour les pèlerins.

© Michel Guillard

Avec la création de villes neuves, de nouveaux mots apparaissent dans la désignation des lieux, comme bourg, (Bourg-Charente) ou ville (Éraville, Gondeville…), l’habitat se diversifie de La Cabane à La Grand Maison, de L’Hermitage au Marquiseau ou aux Châtelards, Chateauneuf, Chateaubernard. Les maisons basses des îles à l’ouest adaptées aux vents marins font place à l’est aux domaines ou maines (Le Maine Giraud, Le Maine Allain) avec leur logis de pierre fermés par de beaux porches et comportant parfois des pigeonniers ou colombiers et des dépendances (balets). La trace de monuments anciens apparaît dans les lieux-dits (Le Bois du Chata, La Tour de Pirelonge), et surtout transparaissent partout les croyances religieuses rappelées par les églises romanes et les temples, les abbayes (Fontdouce), les couvents et les commanderies : La Commanderie-desÉpeaux, Saint-Aulais-La-Chapelle, Saint-Simon-de-Bordes, Sablonceaux, La Templerie, qui semble évoquer la templerie de Cherves, dite aussi de Saint-André, ancienne commanderie templière supposée dont il ne reste plus aucun vestige.

© Michel Guillard

La Révolution nous a donné des dénominations intéressantes par leur caractère imagé : Chaumières-sur-mer pour Saint-Palais-sur-Mer, La Réunion-du-Peuple, Romain-la-Tour, Romain-la-Fontaine pour Saint-Romain-de-Benêt, Brutus pour Saint-Just-Luzac… C’est dire que la toponymie rend bien compte, parfois de façon inattendue, des traits marquants des lieux, au point même de traduire de façon brutale les heurs et malheurs de la population. Qui croirait en effet que les Charentais puissent habiter le lieu-dit Misère (Chérac), Toutlifaut (« où tout lui manque », Meursac), Gâte-Bourse et Gâte-Chien (Javrezac) ou encore Gâte-Bien (sorte de coupe-gorge, Nancras) ? Mais, heureusement, il y a de quoi se réjouir à Chantemerle (Bons Bois), Montplaisir et Paradis (Borderies), lieux de joie et de félicité.

On voit ainsi que la toponymie a enregistré bien des aspects caractéristiques des terroirs du Cognac, naturellement variés, depuis les marques des premiers peuplements jusqu’aux aspects géographiques, aux activités des habitants, aux modes de vie et aux croyances. Même si cette synthèse a pu dégager des éléments caractéristiques, elle est loin d’être exhaustive. Elle permet toutefois de montrer combien un paysage naturel peut acquérir une valeur culturelle et significative : derrière les plaines et la végétation, transparaissent les us et coutumes, les efforts et les valeurs des hommes qui font des paysages du Cognac des lieux à découvrir, à imaginer et à interpréter.

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