Spécialiste des métiers d’art, Raphaëlle Le Baud s’est intéressé à la tradition de la calligraphie à Cognac. Elle a notamment rencontré Philippe Amrouche, un artiste-calligraphe qui forme les écrivants de plusieurs maisons de Cognac.
Arpentant les chais des grandes maisons de Cognac pour la première fois, je me souviens avoir été surprise de lire, en tête de rangée, le nom d’un lieu-dit écrit dans la belle écriture des aïeux. Questionnant mes hôtes, j’appris alors que l’art de la calligraphie est une tradition ancienne à Cognac qu’ont su préserver plusieurs maisons qui sont restées attachées à cette politesse des signes.
Comme toutes les traditions, la calligraphie répond d’abord à un usage. À Cognac, elle permet d’indiquer sur les foudres le nom, noté à la craie, des sous-parcelles dont est extraite l’eau-de-vie. L’écriture doit être lisible quelle que soit la main qui la trace.
J’ai interrogé Philippe Amrouche, qui est artiste-calligraphe à Angoulême. En parallèle à son travail artistique, il forme les écrivants de plusieurs maisons de Cognac, comme Hennessy ou Rémy Martin, afin d’y perpétuer cet art ancien.
« La typographie utilisée à Cognac est la chancellerie, m’a-t-il expliqué. Ce style d’écriture est apparu en Italie au sortir du Moyen-Âge. On la traçait alors à la plume d’oie avant de passer à la plume métallique. C’est une écriture dans la tradition mais en même temps très moderne. Elle permet de varier les pleins et les déliés. Allonger les lettres, les rendre plus trapues… Plus en largeur plus en hauteur, plus en graisse… La seule limite est la lisibilité. »
Aujourd’hui, les écrivants des maisons de Cognac sont aussi sollicités pour rédiger les certificats d’authenticité qui accompagnent les bouteilles les plus exceptionnelles. Ils inscrivent, sur un papier cette fois, le nom du client et le numéro de série du flacon. Bien au-delà de nos frontières, la belle écriture pourra ainsi témoigner de l’âme, du lien au temps et du savoir-faire qui font le Cognac…
Raphaëlle Le Baud